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Cantou

Chant lexical : Corrèze - chaleur- baptême - convivialité - bonheur - réconfort - racines - papa


Cantou, en occitan, est synonyme de "coin de feu".


C'est pour moi un mot mélodieux et magique. Sans doute de par sa proximité avec "Cantus" (étymologie de "chant", "enchantement" et "incantations").


Vous arrive-t-il parfois que des souvenirs extrêmement lointains se manifestent à vous ? Comme surgis d'une vie antérieure. Ils peuvent vous apparaître en rêves ou sous forme de "flashs", de sensations subliminales. Ils ont secrètement structuré votre personnalité, et ils se révèlent soudain pour vous réconforter et redessiner des perspectives heureuses.


Il paraît que les premiers souvenirs remontent à l'âge de 3 voire même 5 ans. Mais j'aime croire en ces exceptions qui confirment la règle, rendant tout (ou presque) possible...


Si, si, c'est bien moi dans la poussette ! ;-)

J'avais neuf mois...

A l'époque, le curé de la petite ville du Nord où nous vivions avait refusé de me baptiser. Audrey était un prénom américain, trop "people" et pas assez "chrétien" à son goût. (Audrey est une sainte anglaise, fondatrice du monastère d'Ely, rappelons-le mais bon... A vrai dire, l'abbé aurait souhaité que toutes les femmes s'appellent Marie.) [Et pour la petite histoire, je devais m'appeler Frédérick. Le gynécologue ayant annoncé un garçon. Jusqu'au jour où je suis sortie de ma grotte pour créer la surprise.]


Mes parents décidèrent alors de me faire baptiser en Corrèze, destination de leurs vacances annuelles. Ils n'étaient pas fervents pratiquants, mais observaient deux traditions catholiques : mariages et baptêmes à l'église.

Le curé d'Uzerche - sosie de Don Camillo selon mes parents - accepta aussitôt en s'exclamant joyeusement, avec son bel accent méridional : "Oh, c'est un joli prénom ! Audrey Hey-peu-beur-neu !". Lui, portait un nom de famille en accord avec sa fonction : Amourdedieu (ça ne s'invente pas !). Et sa bonne : madame Bassalaire (Sans doute orthographié Bassaler...).


Après la cérémonie, mes parents dressèrent un buffet dans une immense pâture - à Condat-sur-Ganaveix - auquel ils convièrent une grande partie des habitants du village. Et papa, fidèle à son naturel généreux et amuseur, invita même les promeneurs à rejoindre la fête.

Il y avait Lili l'épicière, mémé Pouyade... Sont également associés à mes souvenirs les patronymes de Demichel, Lécutier... Des Corréziens qui avaient chaleureusement accueilli mes parents durant leurs vacances, les approvisionnant en légumes de leurs jardins, les invitant à déguster des tartes aux pommes chaudes et confiant à mon père leurs "coins à champignons".


Papa, artisan ébéniste, s'adonnait en Corrèze à sa seconde passion : la peinture. Et à en croire les photos, je me régalais à le regarder faire danser sur ses toiles les couleurs du pays d'Uzerche.


A ces vacances corréziennes est associé le cantou, souvent évoqué par mes parents. Cette grande cheminée où l'on cuisine, on partage la mique, on se réchauffe et on se réunit pour des veillées. Une niche chaleureuse où je rêverais d'abriter tout ce qui m'anime : mon amour pour la cuisine, les infusions, la lecture, les histoires, les partages en famille et entre amis.



Ambiance "cantou" dans le livre "Forever Christmas", illustré par Tasha Tudor et écrit par Harry Davis.

J'ai l'étrange impression d'avoir des racines là-bas, dans le pays d'Uzerche. A moins que ce ne soit un peu des eaux du Bradascou ou de la Vézère qui coulent dans mes veines, au soleil du cantou...



" Une région peut-elle nous habiter ? Toujours est-il qu'une cohérence existe entre les battements de mon cœur et ceux de la Corrèze. "



Mes premières vacances avec mon mari et notre fils aîné furent en Corrèze, il y a plus de vingt ans, à Saint Jal. J'y ai retrouvé toute la beauté que j'avais fantasmée en écoutant les récits de mes parents.


Premières vacances avec mon homme, notre fils aîné et notre toutou ;-) en Corrèze (juin 2000)

Le cantou, un symbole de bonheur qui a bercé mes rêves de gosse et anime mes rêves d'adulte. Et il sera à n'en pas manquer ma source d'inspiration pour un prochain roman Feel Good dont la petite musique chante déjà dans mon cœur :


" Ne nous embarrassons ni de regrets ni de nostalgie. Cultivons plutôt les souvenirs heureux pour qu'ils ne cessent de fleurir et de faire de nouvelles pousses."


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